Sans jamais quitter la côte et la vue incroyable sur une mer d’azur scintillante, la route serpente de baie en baie. Petit à petit, le pays s’assèche, s’apaise : les denses forêts laissent leur place aux prés jaunissant sous le soleil de plomb, les hauts sommets se couchent pour former une étendue vallonnée. Les villages se raréfient. L’étendue de terre s’étrécit au profit des océans. Voilà comment, au Far North ( la partir la plus au nord du Northland) la Nouvelle-Zélande, toujours aussi changeante et sauvage, arrive à son terme.

90 miles de bonheur

Une fois dépassée la ville de Kaïtaïa, toutes traces de civilisation s’amenuisent. Fini les McDo, les KFC, les supermarchés et le béton. Place aux cahutes de bois, aux anciennes maisons coloniales juchées sur pilotis et surtout à la nature. La péninsule qui conclut la Nouvelle-Zélande, au nord, est aussi longue qu’elle est étroite : environ 100km par 15km. Une véritable langue de terre, ou plutôt de plage. À l’est l’océan pacifique, à l’ouest la mer de Tasman. Si le premier côté à voir le jour poursuit la succession d’anses et de baies idyllique entamée dans la Bay of Island, la côte ouest est bien plus spectaculaire. Une immense plage de 90 km s’étire depuis Ahipara jusqu’au Cape Reinga. Cette 90 miles Beach fait d’ailleurs partie des plus longues plages au monde.

À l’instar des Néo-Zélandais, les touristes adorent venir arpenter cette plage à bord d’un 4×4 (ou d’un énorme bus), déraper dans le sable et glisser à marée basse dans un paysage indescriptible. La baie sableuse et vaporeuse semble ne jamais avoir de fin… Et lorsque le soleil se couche, il pare l’ensemble du paysage d’or, d’orange et de rouge chatoyant pour un spectacle inoubliable.

Au milieu du désert

Lorsque la plage de 90 miles Beach touche à sa fin, un phénomène naturel surprenant apparaît : un véritable désert de sable blanc. Des dunes immenses, mouvantes et changeantes au grès du vent se sont formées au fil des siècles. Comme perdus au cœur du Sahara, les promeneurs s’aventurent en quête d’une oasis. Depuis les plus hauts amas de sable, ondulant comme des vagues, on peut apercevoir d’un côté le vert émeraude et puissant des immenses forêts et de l’autre le bleu profond de la mer. Quel spectacle !

Attraction touristique, les dunes de Te Paki sont très fréquentées tout au long de l’année. Pieds nus et munis de leur planche, petits et grands partent à l’assaut du sable. Sont-ils devenus fous ? Non ! Ils grimpent avec peine le plus haut sommet pour se laisser glisser, à toute vitesse, sur des kilomètres de sable chaud. C’est la version « sport d’hiver » des pays chauds !

Le point final

Toutes les belles choses ont une fin, dit le proverbe. La Nouvelle-Zélande ne déroge pas à la règle, mais s’achève avec tout autant de noblesse.
Si l’on s’amuse beaucoup à rouler sur 90 miles beach, c’est tout de même via une route goudronnée (seulement depuis 2010 !) que l’on rejoint la pointe du pays. Après avoir serpenté durant une heure entre les vallons sans jamais croiser âme qui vive (ou presque), voilà que la terre s’achève. Les quelques derniers bras de terre s’écroulent dans les remous des vagues dans un spectacle éblouissant. Le Cap Reinga, premier phare éclairant le pays, trône en ce lieu hautement symbolique pour les Maoris. Reinga signifie « enfer » et l’autre nom du cap donné par les Maoris, Te Rerenga Wairua, signifie quant-à lui « lieu du saut des âmes ». Deux noms pour une seule signification : l’endroit où les âmes quittent la terre pour entrer dans l’enfer. Que l’on se fie ou non à ces croyances ancestrales, une chose est sûre, on ne peut qu’être ému face à ce petit bout du monde.

À pied, il est possible de s’avancer jusqu’à l’extrémité du cap. Le sentier, battu par les vents, zigzag au-dessus des flots. À quelques pas du phare, le meeting point dévoile un cadeau de la nature absolument spectaculaire. C’est exactement ici que la mer de Tasman et l’océan Pacifique se rencontrent ! Les vagues s’échouent en tous sens, au large, formant des centaines de traînées blanches.

Enfin, sous le phare Reinga l’œil regarde vers l’infini : du bleu à perte de vue d’un côté, une terre sauvage, mais pleine de promesses de l’autre. Quel chemin parcouru depuis Slope Point, le point, à l’opposé, le plus au sud ! Un amusant panneau rappelle d’ailleurs combien le Cap Reinga se trouve loin… Un petit coin de terre au bout du monde.

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