Loin de posséder un passif aussi riche que l’Europe ou l’Asie, la Nouvelle-Zélande raconte l’Histoire de l’Homme moderne en quête de propriétés et d’or. Nombreux sont les voyageurs venus, par-delà les océans pour se procurer un lopin de terre, un village, voir une région à rattacher à leur pays d’origine. Sur ce coup, les Anglais ont été les plus rapides, et probablement les plus malins, en signant le traité de Waitangi, le 6 février 1840. Une entente avec les Maoris (bien vécue, semble-t-il) qui poursuivit pourtant leur déclin face à la civilisation, la déforestation, la quête des richesses… En un mot : la colonisation, aussi pacifiste soit-elle, dans cette terre d’accueil ouverte à tous, depuis des centaines d’années.

Cromwell

Ce jour de juillet 1862 marqua à tout jamais l’histoire de Cromwell. C’est à cette date que deux jeunes Californiens, Hartley et Reilly, ont fait la découverte de leur vie : de l’or ! Cette vaste plaine, au centre de l’Otago, au cœur de l’île du Sud, recelait un trésor aussi incroyable qu’inexploité. Une quantité exceptionnelle. Dès lors, cet ancien village de chasseurs maoris a radicalement changé de visage. Seulement deux mois après la découverte, près de 2000 mineurs, venus de Chine ou d’Australie, s’étaient installés dans la zone fertile, de la rivière Clutha à Duncan en passant par les gorges Kawarau. Installés dans des camps- cités dortoirs-, le plus près possible de la mine qu’ils étaient en charge d’épuiser de ses richesses, ces mineurs ne vivaient que pour travailler. Mais l’âge d’or n’a qu’un temps. Au début du 20ème siècle, le déclin des mines a forcé ces Hommes à la reconversion : cultures et élevages. Si l’horticulture s’est développée, dès 1870, la construction du barrage près de 100 ans plus tard à grandement accru les capacités de ces terres. Horticulture, tourisme et surtout viticulture sont le futur de cette ville reconnu  le « fruit bowl » du sud et dont les vins sont parmi les plus réputés du monde.

 

Aujourd’hui, Cromwell valorise les vestiges de son glorieux passé grâce à son « vieux village ». Ce Cromwell Heritage Precint, fait revivre la rue principale du village de 1860 aujourd’hui englouti dans le lac. Certains bâtiments ont d’ailleurs été démantelés puis rebâtis à l’identique. Boulangerie, vins et spiritueux, grains et autres marchandises sont encore annoncés sur les devantures tandis qu’à l’intérieur, café, boutiques de souvenirs et galeries d’art ont pris la place. La petite communauté en charge de ce lieu instaure une ambiance délicieuse et offre une promenade enrichissante, à mi-chemin entre le Far West et l’époque moderne.

 

Kawarau Gorges

Le contraste est total. L’agglomération de Cromwell à peine quittée et déjà l’immense plaine cultivée se resserre pour former des gorges aussi étroites que saisissantes. Si aujourd’hui il ne reste rien des mines d’or qui autrefois jalonnaient cette rivière, l’eau a toutefois trouvé le moyen d’enrichir autrement la région. Étendu sur 56km, entre le lac Wakatipu et le lac Duncan, le cours d’eau se compose d’un courant intense et de nombreuses rapides. Celles-ci lui apportent beauté, couleur d’un bleu éclatant et grande réputation chez les touristes, mais aussi un barrage hydraulique fructueux. Comme quoi une richesse peut en cacher une autre.

 

 

Fabuleuse nature

Longeant les gorges tout du long, la route surplombe le cours d’eau de plus de 1200m. Un panorama qui en met plein la vue, même s’il est impossible de s’y arrêter pour l’admirer faute d’espace pour se garer sur les bords de ces étroits lacés de bitume. De nouveau, la vallée s’ouvre en grand pour laisser place à une végétation luxuriante. Comme toujours, en un virage, la Nouvelle-Zélande change de visage. Perdue au milieu des arbres, Arrowtown est une pépite qui se bonifie l’automne venu. La longue allée d’arbres aux feuilles d’or conduit jusqu’au cœur du village : quelques ruelles venues d’un autre temps. À l’image du « vieux Cromwell », Arrowtown vit entre passé et modernité. Les cottages sont devenus des boutiques souvenirs et des bars à vin chics, mais les enseignes comme les devantures ne manquent pas d’offrir un agréable voyage dans le passé. On se laisse porté par le calme et la sérénité de ce lieu, par les couleurs chatoyantes de ces arbres qui dorent sous les rayons du soleil. Il ne manque que les charrettes déambulant sur les pavés pour se croire revivre l’âge d’or de 1860 !

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