De la pointe de Kahurangi, à l’extrême Nord de l’île, jusqu’à celle d’Awarua, tout au sud, la côte ouest s’étire sur plus de 600km de paysages accidentés. Grignotées par la mer de Tasman, des falaises rocheuses dessinent sa silhouette. Laissant éclats de vagues et embruns, des kilomètres de plaines boisées, entrecoupés par de larges rivières, conduisent jusqu’aux plus hauts sommets de la Nouvelle-Zélande : les Alpes du Sud. Sous ses airs sauvages et dépeuplés, cette région, des plus pluvieuses, possède une variété de paysage incroyable, dont trois incontournables.

De haut en bas, il n’y a qu’une seule voie. Au nord, la route prend fin dans la petite ville de Karamea, au sud, la bourgade de Jackson Bay fait office de cul-de-sac. Au-delà, plus rien. Montagnes et forêt d’un côté, à contourner pour rejoindre la côte d’Abel Tasman, les fjords composés de glaciers. Westport, Greymouth, Haast, les quelques rares villes posées le long du trajet sont sans grand intérêt : une gare, quelques commerces, deux ou trois parcs et cafés, mais pas davantage. Seules les bibliothèques se montrent comme de précieux abris lors des longues, grises et perpétuelles journées de pluie ! Heureusement, la réglementation en vigueur dans cette région permet aux voyageurs en van de rester éloignés des agglomérations. En effet, le free camping autorise à s’installer un peu partout dans les zones dépeuplées : près des plages, des rivières ou dans la cambrousse. Une vraie sensation de liberté.

 

Cape Foulwind : le phare aux otaries

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À seulement quelques kilomètres au sud de Greymouth, s’érige un phare. Autant le dire tout de suite, il est construit de la plus banale des simplicités. En revanche, les rochers, dont il a pour vocation de protéger les navires, se montrent quant à eux d’une grande beauté. Une boucle d’environ une heure permet de s’y aventurer jusqu’à rejoindre une plage de sable fin. Les herbes folles, jaunies par le soleil et les embruns, recouvrent le sentier puis se perdent sous les rochers d’un noir argenté. Nul ne pourrait aujourd’hui dire d’où ils sont tombés pour s’avancer ainsi dans la mer et s’y éparpiller. Les vagues, d’un bleu puissant, fouettent, éclatent, éclaboussent ciel et terre. Un spectacle captivant. En crapahutant sur ces rochers, osant gagner quelques mètres sur l’eau, voilà que les écueils prennent vie ! Ça respire, ça s’étire, ça sautille de roc en récif et ça dort paisiblement sous les rayons du soleil : une colonie d’otaries. Aussi pataud qu’inoffensifs, les animaux ont élu domicile dans ce cap, du moins pour la durée de leur sieste. Presque invisible, gris sur gris, ils paressent sans même ouvrir l’œil au passage des intrus, ravis, eux, de cette rencontre surprise.

 

Pancake rocks : les rochers gourmands

Après les longues plages de galets et de bois flotté puis les plaines vertes baignées de soleil, la route reprend un peu d’altitude. Les lookout ne manquent pas pour attirer les passagers à jeter un regard sur les falaises abruptes qui se jettent dans la mer. En bas, les alcôves de sable semblent totalement inaccessibles : des plages délestées par l’Homme au profit de la faune et de la flore sauvage. À Punakaiki, tous les parkings sont remplis. Ici, les rochers dévoilent les marques laissées par le temps, par le ressac incessant de la mer, par l’évolution de la terre. Comme des piles de pancakes parfumés d’eau salée, ces falaises impressionnantes forment des gorges, des cavernes et des ponts. Un court sentier dérive tout au long de ce petit cap, surplombant ce curieux décor. Une merveille offerte par la nature… devenue source de profit : bus de touristes par centaines, vendeurs de pancakes à tous les parfums, points de vue encombrés de perches à selfie et de smartphones pour obtenir, tous, un cliché parfaitement identique.

 

Glaciers et reflets

Étonnement, sur la côte ouest, neiges éternelles et mer peuvent ne faire qu’un, ou presque. Les glaciers Franz Joseph et Fox se succèdent, à quelques kilomètres l’un de l’autre. Pour le premier, une simple promenade – ultra touristique de 30min et environ 2km de marche – propose d’accéder au plus près de la fin de la coulée de glace. Point qui s’avère en réalité bien éloigné : plus de 750m. Bernés sont ceux qui pensaient mettre, ce jour, les mains dans la glace ! Une randonnée de 5h aller-retour conduit vers un point de vue surplombant le glacier ; mais pour le fouler réellement, il faudra mettre la main au portefeuille. Seuls les excursions guidées et les vols en hélicoptères permettent d’y accéder. Coté Fox glacier, l’histoire est à peu près identique. Lorsque les randonnées sont ouvertes au public (risques réguliers d’effondrement, etc.) elles ne conduisent qu’à des vues lointaines. Qu’importe, admirer des glaciers en tenue de plage reste une expérience unique et la vue sur les montagnes des Alpes néo-zélandaise et notamment sur le Mont Cook culminant à 3724m, une merveille. C’est d’ailleurs depuis un petit lac, insignifiant au premier abord, qu’il ne faut pas manquer la halte photo. La promenade autour du lac Matheson offre une vue imprenable, par temps clair, sur les hauts sommets et leur reflet parfait dans l’eau aussi sombre qu’immobile.

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