Bowen
Entrer dans Bowen, c’est un peu comme pénétrer dans une ville abandonnée au milieu du désert. Ce genre de ville de cinéma américain, bétonnée à outrance, mais que toute civilisation a abandonnée. On s’attend presque à ce qu’une boule de paille séchée traverse la route, mue par le vent chaud.
12h sonne (à la montre, pas au clocher de l’église, il n’y en a pas ) pas un chat dans les rues. Les deux fois deux voies de circulation et la succession d’énormes ronds-points traversent le centre-ville épars. Bizarrement construite, Bowen laisse perplexe. Des rues d’une largeur surdimensionnée, deux restaurants, trois boutiques et nombreux locaux à vendre, une bibliothèque, banque et un commissariat de police composent l’avenue principale donnant sur le front de mer et le port. Puis, des successions de petites maisons individuelles en bois – en plus ou moins bon état- se suivent comme à l’infini.
Circulez y’a rien à voir ? Que nenni ! Bowen est une ville de surprise. Une ville-sauvage dont les plus beaux atours se cachent, ne se délivrant qu’aux curieux méritants.
Bowenwood, capitale de la mangue
Située au nord-est de l’Australie, dans la région du Queensland, Bowen vit simplement de la pêche, de l’industrie minière et surtout de l’agriculture. Dans cette région tropicale où soufflent les doux alizés, les manguiers poussent à gogo. Un atout qui a permis à la ville de devenir au fil des ans la capitale australienne de la mangue. Si la variété « Kensigton Pride » est LA variété emblématique de la ville, bien d’autres y sont cultivées. Aujourd’hui, Bowen représente pas moins de 80% de la production de mangue de l’ensemble du pays ! Une prouesse qui mérite bien une statue (ou deux ). Une mangue géante et colorée trône ainsi fièrement à l’entrée sud de Bowen. (La seconde, plus petite, est une réplique destinée à Melbourne. Trop grosse pour faire le voyage elle est finalement restée « plantée » à Bowen ).
Et soudain, en 2008, la paisible petite ville de campagne perdue à plus de mille kilomètres de Brisbane devient le centre des attentions ! Pourquoi ? Parce que le réalisateur Baz Luhrmann décide de faire de Bowen le décor principal de son film Australia. Nicole Kidman et Hugh Jackman déambulent dans les rues, les équipes de tournage réquisitionnent hôtels et immeubles anciens… Pas peu fière de ce succès mondial, la ville fait peindre « Bowenwood » sur les immenses châteaux d’eau de la colline qui la domine.
Ne cherchez plus, ce graffiti a disparu 10 ans après, remplacé par une belle fresque représentative du paysage local. 28 autres œuvres, retraçant l’histoire de la cité, sont également à découvrir aux détours des rues et des commerces dont la plus ancienne, sur la bibliothèque, date de 1988.
D’une plage à l’autre
Étendue sur une large avancée de terre, Bowen est cernée par l’océan pacifique. Du « front de mer » – comme l’appellent les locaux – animé par le port, l’aquaparc et la jetée – jusqu’à l’immense Queens Beach et ses parcs ombragés, ce sont pas moins de 7 anses de sable qui se succèdent… et ne se ressemblent pas.
Encerclée par deux collines arborées et cachées par des kilomètres de mangroves, Kings Beach est la plus sauvage des baies de Bowen. Les langues de mer viennent lécher le sable doré, presque scintillant sous le soleil. Oiseaux, coquillages et bois flottés pour seule compagnie, qu’il est agréable de s’y promener à la lueur matinale du soleil, comme en fin de journée. Vient ensuite la petite, mais jolie Rose Bay. Cette plage étroite entourée de rochers est très appréciée des amateurs de snorkeling (plongée avec masque et tuba). Lorsque ni méduses ni crocodiles ne sont de sortie, la baignade y offre des découvertes sous-marines exceptionnelles.
Cachée et très peu connue, Murray Bay est une véritable plage de carte postale ! Sable fin, cocotiers et nature sauvage aux alentours, c’est un bonheur de s’y perdre. Une route permet de la rejoindre, pour autant, le plaisir de la découvrir, par surprise, après 1 heure de marche dans la réserve d’Edgecumbe Heights est incomparable.
Vient alors Horseshoe Bay, la plus célèbre, la plus prisée, la plus photographiée des plages de Bowen. Une toute petite anse d’eau cristalline ombragée par les cocotiers. Un véritable petit coin de paradis.
Grays Bay offre, quant à elle, le meilleur point de vue au moment du coucher de soleil. L’astre de feu s’éteint lentement derrière les montagnes en aval de Bowen faisant scintiller les flots. La tournée des plages s’achève alors sur la longue Queens Beach. Près de 7km de sable blanc, de cocotiers (et autant de noix de coco), de parcs et de promenade. C’est ici, à l’opposé du centre historique, que la ville s’anime à nouveau avec un marché le dimanche, le cinéma et quelques campings.
La ville sauvage
S’élancer au sommet des collines arborées, grimper jusqu’au Flagstaff Hill, longer la rivière jusqu’à Kings Beach… il ne suffit que de quelques pas pour se sentir en pleine nature. La ville s’efface bien vite pour laisser place à la vie sauvage, animale comme végétale.
Installé au cœur de la ville, le « lagon » en est l’exemple le plus emblématique. Ce lac dans lequel trône une petite île habitée par les mouettes, les canards et les reptiles offre une promenade dépaysante. D’un arbre centenaire à un frangipanier au parfum aussi intense que ses couleurs, d’un pont à l’autre, il est facile d’oublier le concessionnaire automobile ou le supermarché avoisinant. Assis parmi les feuilles mortes, sous les palmiers, difficile de s’entendre parler tant le chant des oiseaux est puissant. Les perroquets aux verts, bleus et oranges flamboyants crient, se battent, déjeunent, volettent et jouent sous les yeux des passants ébahis. Voilà un spectacle inoubliable qu’offre Bowen aux aventureux s’efforçant de chercher la beauté cachée en chaque recoin du monde.