Sur ces îles baignées au cœur de l’Océan Pacifique, la pêche est inévitablement un sport national. Quand il n’y a pas rugby, il y a « pêche party » ! Certains embarquent à bord de leur bateau pour naviguer dans les eaux calmes et claires à la recherche des meilleures proies. Beaucoup se contentent des immenses plages de sable fin, qui s’étirent à l’infini offrant la sensation d’être seul au monde.

En ce samedi après-midi de début de printemps, le beau soleil attire les amateurs de pêche. Voilà une belle activité pour une sortie en famille ! Avec leurs 4×4, la famille G. vient s’installer au plus près des vagues ; à des kilomètres des « concurrents » du jour. Pas question ici de sortir les simples cannes pour patienter des heures ! Chez les G., comme beaucoup de Kiwi, on y va pas avec le dos de la cuillère.

À chacun sa méthode

Les hommes sortent la torpille de la voiture. C’est elle qui va faire tout le job ! Du rouleau se déroule une longue ligne de fil de pêche. Pendant ce temps, les femmes sont en charge des hameçons. Au bout des 25 petits fils d’environ 10 cm, elles enfilent un beau morceau de poulpe congelé sur le crochet. Voilà de quoi appâter de bons gros poissons !

3, 2, 1, c’est parti. Tout se joue maintenant ! Branchée au moteur du 4×4, la torpille s’élance dans l’eau déroulant derrière elle les 2km de ligne. À toute vitesse, il faut y accrocher les fils munis d’appâts, pour que la machine les entraîne dans l’eau. Et maintenant ? Le tour est joué ! Il n’y a plus qu’à patienter …

Table pliante, chaises en tissus, pique-nique et boissons chaudes ou fraîches. Voilà de quoi passer un bon moment en famille. En attendant que la pêche se fasse d’elle-même, la famille G. passe du bon temps. Partie de pétanque dans le sable, course derrière le frisbee et découverte des plus beaux coquillages, petits et grands se régalent. Les deux heures passent en un claquement de doigts et il est déjà temps de se remettre au travail.

De nouveau, la voiture est mise à contribution. C’est grâce à la batterie de celle-ci que les G. font revenir leur torpille disparue à l’horizon. La ligne s’enroule, s’enroule, s’enroule… et soudain, voilà les hameçons qui sortent de l’eau ! Un premier vide, le suivant également… les visages se ferment ; la journée ne semble pas fructueuse. Ah ! Mais voilà qu’un gros poisson se dandine au bout de l’hameçon, puis un autre, et encore un, un peu plus loin ! Quelle joie, quel bonheur, dans le visage des enfants et des parents ! Surtout que les pécheurs alentour étaient tous revenus bredouilles en ce jour de marée non favorable.

Pour autant, pas tous ne pourront être gardés.  En Nouvelle-Zélande, on ne plaisante pas avec la pêche, il y a de nombreuses règles à respecter. Les poissons trop jeunes, petits doivent être relâchés pour grandir en mer, par exemple. Sur la limite de 25 hameçons, il n’est possible de conserver que 7 prises par personne, par jour. Un total que la famille G. n’atteindra pas ; ravie, quoi qu’il en soit de ses trois magnifiques Snapper.  Il s’agit d’un des poissons les plus savoureux du pays. En supermarché, il coûte une véritable petite fortune, entre $45 et $70 le kilo. Une bonne raison de plus pour pêcher en Nouvelle-Zélande !

Sur la plage, il faut maintenant récupérer les hameçons délestés de leur chaire de poulpe, détacher les snapper attrapés, les achever (d’un coup de pieu derrière l’œil pour moins de souffrance, s’il vous plaît !)  puis les évider. Les plus heureuses, lors de cette dernière étape, ce sont les mouettes ! Elles ne manqueraient ce festin facile pour rien au monde.

Poissons frais à bord des glacières, tout le monde à bord du 4×4. Un dernier regard vers l’océan, qui se pare de ses couleurs dorées de fin de journée, il est temps de rentrer. En récompense de cette « dure » journée de labeur en famille, un savoureux fish’n chips du dimanche les attend !

Rien ne se perd, tout se transforme

Chez les G., rien n’est à jeter dans le snapper ! Lorsque l’heure de l’ouverture du poisson et du découpage est arrivée, seules les écailles ne sont pas invitées à rester. Les ailes d’un côté sont vouées à être délicatement fumées. Leur fine chair va cuire lentement en conservant une saveur particulière et délicate. Les larges filets, recouverts de farine, d’œuf puis de chapelure, sont grillés à la poêle. Avec des frites et un peu de mayonnaise, voilà un régal dont on ne se lasse pas au pays des fish’n chips ! Enfin, les parties les moins nobles sont mises de côté pour la soupe.

Cette dernière est l’occasion d’une nouvelle aventure pour la famille G. En effet, dans leur soupe de poisson, ils aiment intégrer des Tuatua, ces coquillages qui ressemblent à des moules, mais couleurs crème et vert. Pour les ramasser, c’est toute une danse ! Hiver comme été, mieux vaut ne pas être frileux, car il faut s’aventurer dans les vagues jusqu’aux genoux. Pieds nus, les Kiwis s’enfoncent dans le sable et bougent leurs chevilles comme pour danser sur place, jusqu’à sentir quelque chose. Là, vite, il faut plonger la main pour attraper ce qui passe avant que le courant ne l’emporte plus loin !

Quand le panier est plein, les G. rentrent ouvrir les coquillages pour les presser dans un ancien moulin manuel. La purée de Tuatua donnera toute sa saveur iodée à cette soupe de poisson, faites maison de A à Z !

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