À quelques kilomètres au sud d’Auckland, après avoir franchi le fleuve Waikato – le plus long de Nouvelle-Zélande, traversant l’île du Nord – les Pak’n Save, Countdown et autres grandes enseignes, bâties telles des boîtes en aluminium, laissent place à d’immenses plaines vallonnées. Ici, les vaches sont reines. Aussi noires que l’ébène, elles coulent des jours heureux sur les monts dominant les routes, sous les arbres feuillus comme auprès des filets d’eau ruisselants dans les vallées. Sans cesser de mâchouiller les herbes fraîches, partout à leur disposition, elles jettent un œil curieux au promeneur venu s’aventurer dans leur contrée.
Qui pourrait croire qu’à seulement quelques minutes de marche, ce décor de pâturage presque normand se transformerait en une jungle tropicale luxuriante ? Voilà toute l’originalité de la Nouvelle-Zélande ! Une surprise peut se trouver à chaque coin de rue. Derrière chaque colline. Après chaque long virage.
Vivian Falls, chute d’eau d’une quinzaine de mètres environ, éclos dans un petit bassin cerné de roches moussues et polies par les années. Après avoir serpenté sous un soleil ardent, entre les herbes sèches, le ruisseau s’effondre dans cette jungle venue de nulle part. Sa course se poursuit alors dans un sombre dédale où les plantes grasses et les feuillages poussent allègrement parsemés de quelques fleurs d’une blancheur immaculée. Impossible de suivre sa trace. Lianes et branches préservent sa route au prix de quelques rafraîchissantes gouttes d’eau. Le chemin sinueux parcourant cette forêt – la Harker Reserve – laisse percevoir quelques notes d’un ruissellement par-ci par-là. Les rayons du soleil ne parvenant pas à s’immiscer jusqu’au cours d’eau, perdu dans un lointain amoncellement de fougères.
Nourris de cette terre si riche, les arbres semblent vouloir rejoindre les nuages. Nul ne pourrait encercler leur large tronc. Même les appareils photo ne parviennent à la capturer. Une grandeur à couper le souffle.
Vivian Falls, également appelée Maoa’s Falls par les Maoris, est aussi le berceau d’une sombre histoire. Cette légende maorie raconte le combat de Maoa contre le tortionnaire et cannibale Tapaue. Pour venger la mort de son père, Maoa engage une attaque secrète depuis Te Akau. L’affrontement final dont il ressortira victorieux aurait alors eu lieu sur le lit de cette fameuse cascade. C’est en anglais et non pas en Maori que la légende est contée, car voilà bien des années que cette langue n’est malheureusement plus employée …