Au commencement… Au commencement…
Premiers pas Premiers pas
Gertrude Saddle Gertrude Saddle
Lac Marian, nous voilà Lac Marian, nous voilà
Jamais deux sans trois Jamais deux sans trois
Lac Gunn Lac Gunn
Croisière dans le fjord Croisière dans le fjord
Avant de partir … Avant de partir …
Une aventure inoubliable Une aventure inoubliable

Au commencement…

Dans chaque histoire, il y a d’abord un contexte. Un peu comme le ferait le destin, il module le vécu, nuance les perceptions et colore les souvenirs. Voici donc celui qui fut à l’origine de cette drôle d’aventure au cœur du fjord de Milford Sound.

L’été touche à son terme et l’automne pointe son nez. Partout dans l’Ile du Sud, la météo se révèle des plus maussades. Des bourrasques de vent accompagnent des trombes d’eau sans discontinuer pendant près de deux semaines. La côte ouest, déjà réputée pour être la plus pluvieuse de Nouvelle-Zélande, souffre de coulées de boues alarmantes. Peu à peu, les informations tombent : routes bloquées, ponts effondrés, sentiers paralysés. Rien de bien grave pour autant, le pays est loin d’être aux émois pour quelques routes de plus à retaper (ils passent déjà leur temps à le faire alors une de plus, une de moins…). En revanche, les voyageurs qui désiraient poursuivre leur itinéraire le long de la côte ouest n’ont plus qu’à rebrousser chemin et contourner par le nord pour mieux aller au sud. Eh oui, ici, il n’y a pas 36 solutions et tous les chemins ne mènent pas à Rome. Alors quand le pont de Franz Joseph Glacier s’écroule c’est tout le secteur, depuis Greymouth jusqu’à Wanaka qui se paralyse, soit plus de 500km de voirie !

 

Fort heureusement, à Queenstown, tout va bien. Le soleil pointe de nouveau son nez et assure une météo idéale pour s’aventurer à la découverte de Milford Sound !

Premiers pas

L’escale à Te Anau ne dure pas : promenade au bord du lac et bonne nuit de sommeil pour être d’attaque dès le lever du soleil. Le ciel étoilé se dissipe peu à peu lorsque le van s’engage sur la route du fjord, encore tout embué. Impossible de savoir à l’avance à quoi s’attendre la première fois.

Au fur et à mesure des kilomètres, le paysage se métamorphose. La vallée verte des grasses herbes s’évase progressivement pour former une immense plaine où circulent d’incalculables filaments d’eau. Sous les nappes de brumes qui peinent à s’élever en cette fraîche matinée, des lacs se forment. Sombres et immobiles, ils reflètent leur royaume comme des miroirs. Après avoir serpenté un temps, la route se poursuit entre des montagnes de plus en plus resserrées. Lorsqu’on relève la tête, les cimes enneigées brillent dans le ciel azur. Partout des lignes d’eau dégringolent depuis les sommets pour rejoindre le creux de la vallée et la route.

Gertrude Saddle

L’heure de la première étape a sonné. Depuis le temps qu’on entend parler de cette fameuse randonnée à la journée soi-disant « la plus incroyable du pays » (hors Great Walks), il nous tarde de nous y aventurer. Bonnet, gants, écharpe, pulls et chaussures de rando aux pieds : en avant pour Gertrude Saddle. On était prévenu d’avance, il y a des ruisseaux à traverser à pied. Mais pas de contre-indications dans les I-sites alors ça devrait le faire.  Un lit de galets et 500 mètres plus loin, voilà le premier hic : une grosse mare boueuse. Après quelques essais infructueux, contourner s’avère être impossible. Sacs poubelle autour des chaussures, noués aux genoux, et ça repart… Gros échec dans la manœuvre : un sac déchiré et deux godasses trempés jusqu’à la chaussette. Qu’importe, elles sécheront pendant la marche. Sauf que 100m plus loin, voilà la première rivière, la vraie. Le ponton de bois permettant de la traverser, en tant normal, gît sous 10cm d’eau torrentielle. L’air ambiant doit s’établir autour des 8 degrés l’eau bien en deçà. A par une pneumonie carabinée, Gertrude Saddle ne semble pas vouloir nous réserver grand-chose.  Abandon forcé. Retour à la case départ- en plus mouillé- : le van, un café chaud et la carte des randonnées.

Lac Marian, nous voilà

3h de marche à la rencontre du lac Marian ? Parfait. Le sentier ne montre pas de grosses difficultés, parfait puisque les chaussures de randonnées sont HS et que celles de villes doivent les remplacer. Depuis le parking, un pont suivit par une piste de bois conduisent au-dessus d’un torrent d’eau d’un bleu glacial puis bordent des chutes d’eau fabuleuses sculptées au cœur d’un bush aussi vert qu’humide. Une promenade prometteuse.

C’est le sourire aux lèvres que l’on avance vers le premier hic. Une rivière débordant de son petit lit habituel à traverser. Elle n’est pas bien grande. Pas très profonde non plus. Mais bel et bien là. Ah, en chaussures de randonnées, deux foulée et problème résolu. Mais là c’est une nouvelle inondation des souliers qui s’annonce. Autant s’y aventurer pieds nus, surtout qu’une deuxième rivière, deux fois plus grosses se cache derrière la première. Rouge, bleu, presque fumant à la sortie, les pieds n’en mènent pas large, mais ils ont traversé. La suite se déroule sans encombre jusqu’à l’approche du lac. Ah pour être là, il est là. Tellement qu’il a également englouti les berges et une partie de la végétation qui l’entoure habituellement ! Le sentier s’arrête brutalement… dans l’eau qui, quant-à elle, se veut davantage d’un vert marronnasse que d’un beau bleu profond.

Il faut croire que si les pluies torrentielles des jours précédents n’ont, jusqu’ici, rien détruit, elles ont tout de même laissé de belles traces de leur venue.

Jamais deux sans trois

L’après-midi s’amorce à peine. Une seconde promenade se montre la bienvenue. En route pour Key Summit et ses 3h de marche vers un magnifique panorama !

Il y a foule sur le parking. La queue devant les toilettes. De nombreux panneaux d’informations regorgeant d’histoires sur les lieux. Mais aussi une belle barrière rouge et blanche interdisant l’accès au sentier pour cause d’effondrement. Il est grand temps de rentrer au camping…

Lac Gunn

Cascade Creek, tel est le nom de ce camping low-cost parmi les huits mis en place par le DOC à destination des voyageurs en vans. L’interdiction de faire du camping sauvage étant formelle, dans tous le secteur de Milford Sound, obligé de mettre la main au portefeuille. Belle surprise, à côté de ce terrain large et ensoleillé, bordé par une rivière, se situe le lac Gunn.

Réputée pour être charmante, la randonnée qui traverse le bush pour en rejoindre les berges attire évidemment les campeurs. Sauf que cette fois, de berges il n’y en a pas. L’eau grimpe par-dessus les fourrés, l’humidité goutte de chaque feuille et le bourbier à remplacer le sentier. Foutue pluie !

Il n’y a plus qu’a se réfugier dans le van, sous un tas de couvertures car une fois le soleil disparu derrière les montagnes abruptes, l’air se fait glacial. Peu à peu les étoiles viennent scintiller dans ce ciel pur. Ici pas de pollution lumineuse, pas d’interférence, de réseau mobile, de bruit. Bonne nuit dans le calme et la solitude de cette vallée du bout du monde…

Croisière dans le fjord

Le soleil et le froid se sont réveillés de conserve pour cette nouvelle journée au cœur du fjord. Pas d’arrêts pour un sentier ce matin, il est grand temps d’atteindre le fameux hameau nommé Milford Sound. L’incroyable et colossal tunnel à une voie traversé, la route tourbillonne et plonge jusqu’à la mer. Tout comme les hauts sommets et glaciers. Le paysage est époustouflant. En bas, il y a … rien. Trois cahutes et une pléiade de ferries.

C’est à bord d’un Mitre Peak – inspiré par le nom du sommet surplombant le port – que l’aventure se poursuit. Dans la fraîcheur matinale, le bateau glisse sur l’eau paisible et semble repousser la brume. L’étroit couloir de mer serpente entre les montagnes verdoyantes d’où ruissellent mille et une cascades. Les arcs-en-ciel fleurissent en tous sens inondant rochers et flots de leurs éclatantes couleurs.

Au plus il s’avance vers les profondeurs de l’océan, au plus le bateau tangue sous le claquement des vagues et le décor se fait spectaculaire. Les rayons du soleil s’immiscent entre les montagnes pour illuminer flots et relief d’une parure dorée. La terre et la mer se rencontrent, en dent-de-scie, s’emboitent comme deux mains l’une dans l’autre.

Avant de partir …

Sur la route du retour, quelques haltes s’imposent.

The Chasm, une courte marche à la rencontre d’un torrent puissant. Avec force et continuité, il a sculpté la roche sur son passage pour offrir, au fil des ans, des arabesques à même la pierre. Plus loin, au bord de la route un lookout dévoile un large panorama sur l’ensemble du fjord mais permet aussi aux chanceux d’admirer quelques Kéas. Installés dans le coin, ils aiment venir vagabonder sur le parking pour grappiller quelques restes de nourriture.

Enfin, les Mirors Lakes clôturent cette épopée. A proprement parler il s’agirait plutôt de quelques grosses mares d’eau. Mais si noire et immobile qu’elle reflète à l’identique le paysage montagneux d’en face et la végétation alentour. Du soir au matin, le spectacle est au rendez-vous.

Une aventure inoubliable

Il est temps de quitter ce lieu incroyable, mémorable. Pour chaque visiteur, Milford Sound gardera une saveur unique et incomparable. Couac, hics, galères et récompenses inattendues se graveront dans nos mémoires en souvenir tant du lieu que de son contexte. Voilà donc la drôle histoire de la découverte du fjord de Milford Sound.

 

Pour plus de photographies, par ici !

EnglishFrench