Pays récent et donc à une étape de son évolution différente de la vieille Europe, la Nouvelle-Zélande se voit confrontée à des questions écologiques d’importances. En effet, ici, l’agriculture ou la production laitière sont les activités premières, des activités à fort taux de dioxyde de carbone. De plus, son environnement naturel riche lui demande la plus grande attention et protection. Tant de questions que se pose visiblement le gouvernement pour autant, les habitants ne sont pas tous aussi rigoureusement consciencieux.

Tirer les leçons du passé

Sur cette île du bout du monde, la douane est rigoureuse, intransigeante. Animaux, plantes, nourriture… rien n’entre et peu quitte les frontières. La raison est simple : protéger l’environnement riche et particulier de la Nouvelle-Zélande. Par le passé, le pays a déjà souffert de l’arrivée massive des colons anglais amenant avec eux leurs animaux et leurs plantes pour les imposer à cette terre inexplorée. Mauvaise idée. Le climat humide et ensoleillé des deux îles, a favorisé l’expansion de certaines nouvelles plantes. Un exemple flagrant : les plantes importées par les Anglais pour créer de jolies haies et parquer les vaches. Elles sont devenues très rapidement des mauvaises herbes infernales, incontrôlables, envahissant toutes les plaines de leurs branches piquantes. Ici, les lapins se sont multipliés par milliers, détruisant toutes les cultures. Les opossums ont envahi les forêts, se développant et tuant massivement la flore et la faune locale, comme les Kiwis aujourd’hui en voie de disparition. Quelques exemples parmi tant d’autres…

Les Néo-Zélandais ont bien pris note de ces leçons du passé et ne comptent pas poursuivre la destruction de leur nature si riche en faunes et en flores. Dans tout le pays, les habitants doivent vivre avec des restrictions, des consignes et des méthodes. Feu à volonté sur les opossums « un bon possum est un possum mort », peut-on lire sur les pancartes qui bordent les routes, aux côtés de celles annonçant la présence d’une réserve de Kiwis et demandant aux automobilistes de réduire leur vitesse, notamment la nuit, pour ne pas renverser ce petit animal chétif. (Notez qu’à l’inverse, en Australie, les opossums sont protégés ! ).

Parfois, les forts vents venus des îles alentour introduisent involontairement des espèces d’insectes inexistantes en Nouvelle-Zélande. Branle-bas de combat général : les zones sont mises en quarantaines, les arbres munis d’appâts, les vergers surprotégés… La chasse à l’insecte non désiré devient LA priorité, jusqu’à son appréhension.

Autre exemple : l’interdiction de faire venir ou de consommer des kiwis venus des autres régions de Nouvelle-Zélande à Kerikeri et son bassin. En effet, dans cette ville nombreuses sont les cultures de kiwis. Ces dernières pourraient être ravagées si elles venaient à succomber à la maladie des cultures d’Hawkes Bay ou d’ailleurs. Les habitants doivent également être vigilants et ne pas mettre dans leur compost les épluchures de kiwis pour éviter toute mauvaise transmission entre différents plants.

Protéger les forêts, une nouveauté ?

Des postes de nettoyage des chaussures imposent aux promeneurs d’être parfaitement propres lorsqu’ils pénètrent dans certaines zones de bush protégées, comme pour s’approcher du plus vieux Totara du pays. Un reste de forêt aujourd’hui préservé mais détruit par les générations précédentes. En effet, la déforestation a été massive en Nouvelle-Zélande. Les belles plaines verdoyantes où paissent vaches et moutons que l’on apprécie aujourd’hui ne sont qu’une création de la main de l’Homme. Autrefois, ces zones étaient boisées par d’immenses et triomphants Kauris, hêtres, Totara, fougères, et autres plantes endémiques. Quelle désolation ! Désormais, les Kiwis plantent, détruisent, pour mieux replanter derrière et recommencer à l’infini en épuisant leurs terres.

Tous ensembles pour la protection de l’environnement ?

2,5 millions de véhicules circulent en Nouvelle-Zélande pour une population totale s’élevant à 4 millions (en incluant les enfants) ! Ici, toutes les familles possèdent au moins une voiture voire plusieurs et rares sont les transports en commun, surtout en dehors des grandes agglomérations. Hormis le bus scolaire et quelques bus touristiques, c’est avec son moyen de transport personnel que l’on se déplace. Et les Néo-Zélandais adorent jouer avec leur voiture, notamment pour faire des traces de pneus zigzaguant sur les routes et dérapant à toute vitesse sur les gravel road.

Au bord des routes comme sur les sentiers, les déchets s’amoncellent, jusqu’à ce que des envoyés du DOC (Department of Conservation) viennent faire un grand nettoyage. Au détour de quelques gravel road perdues, sur des sentiers à l’écart, gisent quelques carcasses de voitures abandonnées là. Comme si la nature allait se charger de les engloutir pour les faire disparaître.

Partout, les avions circulant à basse altitude rependent divers produits sur les zones de cultures : insecticides, désherbants… Les traitements sont massifs et ne tiennent peu compte des habitations à proximité. Cela dit, les habitants, aux immenses jardins dignes des plus belles oasis avec leurs vergers et leurs potagers et leurs fleurs multicolores, n’ont pas l’air d’en être incommodés. Munis de leurs quads et grosses tondeuses à essence ils parcourent leurs hectares déversant du désherbant à tout va et bien d’autres produits au besoin. Plutôt paradoxal.

Tant d’actions visibles en Nouvelle-Zélande qui laissent bien perplexe. Ce pays semble à mi-chemin entre progrès, développement et conscience écologique.

La problématique du tourisme de masse

Dans l’île du Sud, comme partout ailleurs sur le globe, les glaciers fondent à allure soutenue. Sur cette petite terre du bout du monde, ils subissent d’autant plus le réchauffement climatique qu’ils se situent au niveau du trou de la couche d’ozone. (Les vaches, plus nombreuses que les Hommes seraient-elles en cause ?!) Malgré son rétrécissement observé par la Nasa, celui-ci reste important. Quand le soleil frappe, il est plus piquant que partout ailleurs. Pourtant, au-dessus des glaciers, des sommets enneigés de Franz Joseph Glacier à Wanaka en passant par la vallée du Mont Cook, le ballet des hélicoptères est incessant. De 8h du matin à 18h, leurs hélices tournent sans discontinuer, transportant les touristes curieux au milieu de la glace pour une promenade hors du commun. A l’inverse, les marcheurs sur les sentiers sont interdits d’envoyer leurs inoffensifs drones survoler le paysage, afin de ne pas perturber les multiples plans de vol. Effarant.

Du lac Taupo au lac Tasman en passant par ceux bordant Wanaka ou Queenstown, les croisières touristiques et balades en jet ski sont incessantes. Les chorégraphies des moteurs à essences ne semblent offusquer personne tant qu’elles permettent aux badauds de s’approcher au plus près des grottes creusées dans les falaises ou des icebergs lutant pour survivre. En mer, même combat. Les réserves ont beau protéger les espèces marines des pêcheurs, elles ne les préservent pas pour autant des touristes par centaines venus les observer de plus près sur leurs gros bateaux polluants. Quel non-sens. Le tourisme massif se répand dans ce petit pays réputé pour ses grands espaces verts. Cette image sauvage du pays disparaît progressivement au profit d’une succession de « must do » que les visiteurs s’empressent de découvrir à la hâte, d’enchaîner sans prendre le temps de respecter la terre qui les accueille.  Les bus entiers de touristes asiatiques envahissent les attractions des villes aux campagnes reculées, les camping-cars et autres vans détruisent les espaces verts qui leur sont dédiés. Ceux-ci ferment progressivement, comme à Kaikoura dans l’île du Sud. Pourquoi ? Parce que les voyageurs irrespectueux surpeuplent les espaces, dédiés à 20 véhicules ils se retrouvent bourré par des cinquantaines de campeurs. Papiers, eaux usées et nourritures jonchent le sol après leur départ. Si les voyageurs venus en quête d’une terre réputée belle et sauvage ne sont pas capables de la ménager qu’adviendra-t-il du tourisme en Nouvelle-Zélande ? Cette terre pourra-t-elle rester l’idéal du « van life » dans les années à venir ?

A mi-chemin entre protectionnisme et laxisme, la Nouvelle-Zélande semble se construire avec hésitation. Un pays en proie au paradoxe, voguant périlleusement entre écologie d’avant-garde et dégradation irréfléchie…

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