Alpes suisses, Alpes italiennes, Alpes françaises et quelques 14 000km plus loin voilà les Alpes … Néo-Zélandaises ! En plein cœur de l’île du Sud, les vastes plaines et les prairies ruisselantes ont grimpé à pic pour offrir des panoramas époustouflants.

 

Perdu au fond de la vallée, le village d’Arthur’s Pass semble abandonné : une gare, un café, un visitor center, quelques baraques dégingandées et dépareillées. C’est tout. Sur des kilomètres à la ronde, il n’y a rien d’autre que la nature … et quelques vans amoncelées sur les aires de camping dédiées. Pourquoi donc imposer à son véhicule une heure de virages serrés à flanc d’un précipice vertigineux, de montée haletante où franchir les 40kms/h devient un exploit ? On se le demande encore davantage à l’arrivée, quand sous une pluie battante, le thermomètre dépasse tout juste les 10°C. Patience, patience. Une fois que les violentes bourrasques de vent ont chassé brouillard et nuages, que le soleil du petit matin s’immisce doucement dans la brume pour laisser peu à peu percevoir un ciel azur alors tous les doutes s’estompent. Ni une, ni deux, il faut s’armer de courage (et de force) pour entamer la rude grimpette jusqu’au sommet.

Avalanche Peak se révèle comme la randonnée la plus prometteuse d’Arthur’s Pass. Deux itinéraires s’envolent en V vers le sommet, permettant de faire une boucle… et mieux vaut ne pas se tromper de sens ! Pentue, délicate, envahie de rocs à gravir avec tant les bras et les jambes, le Scott Track se déroule sur 3km pour… 1100m de dénivelé !  Ici la vue, elle se mérite. Heureusement, à la moitié du chemin environ, le bush disparaît pour laisser place aux herbes dorées par le soleil ainsi qu’à une vue imprenable sur la vallée, le village comme les cascades qui dévalent des montagnes en face. Les plus chanceux pourront distinguer, dans ce paysage vertigineux, quelques Keas en vol ou, mieux, gambadant entre les rochers. Ce drôle de perroquet peu farouche au plumage d’un vert émeraude dévoile un rouge flamboyant sur son ventre lorsqu’il tend ses ailes pour s’échapper.

Peu à peu, la montagne se fait plus étroite, le sentier se rétrécit et les hautes herbes disparaissent au profit de roches escarpées. Dernière ligne droite, et non des moindres – âmes sensibles s’abstenir -, avant d’atteindre le bout du bout, le point ultime. Depuis cette plateforme, faite de rocailles noires qui semblent s’effriter au vent, impossible de marcher côte à côte ou de se croiser. À droite comme à gauche : ce n’est qu’un vide vertigineux. Mais d’ici, les Alpes s’offrent tout entières à la vue. 360° de pics et de creux se succédant à l’infini, de sommets où la neige s’est installée à perpétuité.

Un petit tour, deux trois photos, et puis s’en va. La foule se masse et chaque randonneur veut sa part de bonheur. Plus long, mais bien moins périlleux et glissant, le sentier Avalanche Peak track suit le versant opposé de la montagne avant de s’enfoncer de nouveau dans le bush. Un ruisseau, des plus bienvenus et rafraîchissant, borde le chemin puis tantôt s’en empare. Sons des cascades comme des chants d’oiseaux accompagnent ce retour jusqu’au fond de la vallée.

La journée est encore loin de s’achever, pourtant, les rayons du soleil ont déjà délaissé le hameau désolé que les nuages ne tarderont pas à se réapproprier.

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