Le réchauffement climatique met la planète en danger. Tous ceux qui ne sont pas nés au début du 20ème siècle se permettent d’en douter. Et pour cause, les récits des aïeuls, contant les rudes hivers sous 50cm de neige dans des régions où aujourd’hui les enfants se réjouissent des trois flocons tombés durant la nuit, bloquant la circulation pour les deux jours à venir, semblent de moins en moins crédibles. L’Homme oublie vite. La canicule, les longs mois de sécheresse, les restrictions d’eau… tout s’efface des mémoires une fois le chauffage en route et les pulls ressortis des placards. Pourtant, c’est un fait. Une réalité à laquelle nul ne peut échapper face à un glacier en perdition.

Court et sans grande beauté, le sentier qui conduit jusqu’au point de vue sur Frantz Jospeh Glacier n’est pas pour autant dénué d’intérêt. 500 mètres et une première pancarte informative suffisent à glacer le sang, sans mauvais jeux de mots : « en 1908 le glacier prenait fin ici ». La population mondiale était alors de 1,750,000,000 contre plus de 7 milliards actuellement. La température moyenne se trouvait alors autour des 13°C, devenus 15°C aujourd’hui. Entre la photo en noir et blanc et la réalité : un gouffre. De blocs de glace, il ne reste qu’un maigre filet d’eau au cœur d’une large vallée de pierre.

Acclamé comme « l’une des plus belles choses au monde » en 1929, ce glacier couvrant 29km², entourés de hautes montagnes et s’achevant à seulement 300m au-dessus du niveau de la mer, a bien perdu de sa splendeur. Au fur et à mesure que le sentier approche de son but, les panneaux explicatifs dévoilent une population à la croissance exponentielle, un réchauffement des températures, de la concentration de CO² et illustrent le recul irrémédiable de la glace. Alaska, Patagonie, Alpes, partout dans le monde, la fonte des glaciers s’accélère titre un article du Monde daté du 8 avril 2019. Ceux de Nouvelle-Zélande font malheureusement aussi partie du lot, engagés dans un combat de la nature face à l’Homme, son train de vie et la modernité, qui semble perdu d’avance.

Un constat trop fataliste et résigné ? Peut-être. Encore faudrait-il que l’ensemble de la population se réveille. Observer, à Frantz Jospeh Glacier, les centaines de bus, vans et voitures garées sur un parking à moins de 3km du glacier, le ballet incessant des hélicoptères qui se succèdent du matin au soir pour offrir le meilleur point de vue aux touristes les plus aisés, laisse peu d’espoir quant à un changement des mentalités.

« Les générations futures ne découvriront ici qu’une montagne à peine enneigée ? Peu importe, tant qu’aujourd’hui on peut rouler au plus près pour éviter de marcher et s’envoler pour aller piétiner un peu de glace » voilà le message que semble faire passer les hordes de touristes qui jonchent le village, la vallée et ce sentier sans même prêter un regard aux pancartes alarmantes bien trop occupé par leurs selfies. À défaut d’être sauvé, Frantz Joseph Glacier aura au moins le mérite d’être maintes fois immortalisé !

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