À peine les derniers immeubles de Wellington dans le rétroviseur et déjà la nature reprend ses droits. La forêt sauvage et d’une densité impressionnante semble avoir seulement toléré un peu de place à l’Homme et sa civilisation de béton. La route zigzag, s’enfonce au creux des pins immenses puis remonte au niveau de leur cime pour des vues panoramiques sur une mer d’émeraude. Peu à peu, les arbres se retirent et les côtes d’un océan exalté apparaissent dans le paysage. Les plaines vallonnées conduisent jusqu’au bord du littoral puis s’achèvent brusquement en d’abruptes falaises rocheuses. Voilà, en ce coin désertique où les quelques rares fermes semblent avoir clos fenêtres et volets depuis des lustres, la route sinueuse du Cap Palliser.

Les Putangirua Pinnacles

La nature est incroyable. Elle offre des trésors que notre imagination n’aurait su inventer. Elle façonne le monde, le sculpte avec talent, sans jamais pourtant se mettre en avant. Car en effet, c’est dans un recoin caché, en remontant le lit d’une rivière asséchée, que l’on parvient aux pieds des spectaculaires Putangirua Pinnacles.

Ces amas de terre, de roches, de gravier ressemblent à des obélisques pointant vers le ciel. Des couches de sédiments amoncelées telles les piles de pancakes du petit déjeuner. Ces formations résultent d’une longue érosion au fil des siècles, qui se poursuit jour après jour. En s’éloignant de la rivière tarie, une courte randonnée permet de s’élever au-dessus de ces Pinnacles. Le panorama en est d’autant plus exceptionnel : des centaines de pics, comme des dents rocheuses, plus ou moins longues. Et surprise, de l’autre côté, en regardant au loin vers l’océan, les côtes de l’île du sud apparaissent comme un mirage dans la lumière éclatante d’une chaude journée ensoleillée.

En route vers le Cap Palliser

Depuis les Pinnacles, l’étroite route continue au plus près de l’eau, en direction du fameux phare Palliser. À gauche, une falaise calcaire, à droite les vagues déchaînées qui parfois viennent éclater jusque sur le bitume, rongé par le sel. Dans les hautes herbes, les vaches sont reines tandis que sur le sable sombre, les otaries somnoles paisiblement au doux son des mouettes. Le monde animal s’offre ici une retraite calme et sereine, que bien des Hommes jalousent !

Enfin, le phare, rayé de rouge et de blanc, fait son apparition au détour d’un virage, perché en haut de sa falaise rocheuse. Il faut pas moins de 250 marches pour grimper à ses pieds et profiter du panorama qu’il baigne de sa lumière à la nuit tombée. Une succession de baies de part et d’autre, avec nulle trace de civilisation à des kilomètres à la ronde.

En éloignant les bateaux des récifs, ce phare protecteur semble aussi, telle une tour de guet, dissuader les prédateurs du monde matérialiste au profit de ce microcosme endémique si serein.

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